Étude du public d’une librairie d’un tiers lieu en lien avec les différentes programmations des structures du SEW
Il me semblait important pour travailler mon observation du public pendant mon stage de tenir compte de la particularité de cette librairie et donc de définir le concept de tiers lieu ou de troisième lieu.
Mathilde Servet[1] en 2010 dans un article de bibliothèque de france bbf : 2010 57 t. 55, no 4 utilise le concept de Ray Oldenburg » Le troisième lieu, notion forgée au début des années 1980 par Ray Oldenburg, professeur émérite de sociologie urbaine à l’université de Pensacola en Floride, se distingue du premier lieu, sphère du foyer, et du deuxième lieu, domaine du travail. Il s’entend comme volet complémentaire, dédié à la vie sociale de la communauté, et se rapporte à des espaces où les individus peuvent se rencontrer, se réunir et échanger de façon informelle. » Elle rappelle la particularité du public « Un lieu d’habitués .Les troisièmes lieux agissent comme « facilitateur social » et permettent de rompre la solitude ou de contrer l’ennui. On peut s’y rendre spontanément avec la certitude de se retrouver en bonne compagnie, entouré d’habitués. Leur environnement est marqué par la simplicité, mettant les gens à l’aise, les invitant à s’approprier le lieu facilement. Les troisièmes lieux offrent un cadre confortable et douillet, dans lequel les individus ont envie de séjourner plus longuement que dans certains établissements commerciaux qui incitent au passage rapide des clients d’une boutique à l’autre. »
Pendant mon stage, j’ ai effectivement pu constater , qu’ une partie des clients de la librairie, étaient des habitués. De nombreux retraités, voisins, bénévoles du cinéma viennent pratiquement tous les jours à la librairie. Ils viennent acheter et commander mais pas seulement, l’ achat ou le passage est un prétexte à la discussion, sur les livres, les sujets culturels. Ils sont connus par le prénom et nous interpellent par le nôtre. Pour ces habitués, des initiatives comme la mise en place d’une « bouturethèques » font partis des plus qui rendent le lieu vivant et installent les échanges ( de boutures et de conversations). Ces habitués reviennent pendant les vacances scolaires avec leurs petits-enfants.
Le deuxième type de public est celui des touristes de passages qui viennent visiter la manufacture et le SEW. Ce sont plutôt des touristes régionaux, la librairie étant aussi spécialisée dans les ouvrages en bretons, certains habitants des départements voisins profitent pour venir acheter des livres et goodies en bretons. ( le premier jour du stage j’ ai vendu plusieurs carte de la Bretagne en langue bretonne).
Le dernier genre de clients est lié aux propositions de médiations et à la programmation du cinéma. Pendant mon stage nous avons avec ma tutrice proposé et en lien avec le cinéma deux médiations :
- Un atelier manuel et fabrication de poisson , après le ciné-concert sur thème de l’eau.
- Et une exposition de dessin « viens accrocher ton dessin à la librairie » après apéro- parents – ciné avec la projection du petit dinosaure .Pour l’atelier fabrication après le ciné-concert nous avons eu la participation d’une douzaine d’enfants âgés de 4 à 6 ans accompagner par leur parent ou un adulte.
Le tarif du cinéma est de 4 euros pour les enfants et 6 pour les adultes. L’ animation de la librairie et le gouté du cinéma sont gratuits. J’ ai été surprise de la diversité du public certains de classe sociale cadre supérieur, mais aussi les habitants des logements sociaux voisins. J’ ai cependant constaté que les jours de médiations ne sont pas forcément ceux ou la librairie fait le plus de vente. Pour le deuxième temps ou les enfants venaient accrocher leur dessins, quelques un nous ont fait par de leur déception qu’il n’y ait pas d’animation. La clientèle de la librairie est donc très liée à la spécificité du lieu mais aussi aux médiations et aux interconnections entre les différentes structure du SEW.
Le 8 avril 2025 était publié le nouveau Baromètre du CNL sur les français et la lecture[2], ce baromètre constate une baisse de la lecture pour toutes les catégories de la population et pour tous les types de lecteurs. 63% des français ont lus au moins 5 livres dans l’ année (-6% par rapport à 2023) et 57% des livres papiers (-4%depuis 2023). Les plus de 65 ans sont ceux qui lisent le plus , mais le livre enfant résiste. On voit ici que le public de la librairie du SEW correspond à ces deux tranches d’âges.
Le fait que la librairie ne comporte pas de rayons mangas et new romance , ne permet pas d’attirer un public de 15/25 ans qui sont les lecteurs de ces genres. Il y a certainement à réfléchir à une médiation pour ce public qui se rend au SEW pour le cinéma, les festivals et les concerts.
[1] Mathilde Servet[1]en 2010 « bibliothèque troisième lieu » bbf : 2010 57 t 55, no 4.
[2] rapport CNL 08/04/2025
